Le
maire de Ziguinchor avait pourtant démarré en trombe l’exécution de son
programme de construction et de modernisation de la ville. Alors que de
nombreux défis l’attendent encore s’il veut concrétiser ses promesses avant
la fin de son quinquennat en 2014, Abdoulaye Baldé semble avoir mis un pied sur
le frein.
Hubert
Sagna
Correspondant,
Ziguinchor
« Le temps de la
parole et des promesses est terminé (….) Le temps de l’action est venu. Notre
temps est celui des constructeurs, notre saison celle des réalisations. Enfin,
Ziguinchor va connaître le temps des réalisations ». Ces mots prononcés en
avril 2009, Place de Gao, par Abdoulaye Baldé au soir de sa passation de service avec Robert Sagna, paraissent désormais appartenir au passé.
Tout
comme, au demeurant, le « défi de
l’engagement et de la mobilisation de toutes les forces vives de la Casamance
pour l’œuvre commune de reconstruction » sur lequel il comptait
s’appuyer pour « faire de Ziguinchor
une ville phare dont le rayonnement devait aller au-delà des frontières
communales ».
Depuis
quelques mois, Abdoulaye Baldé semble renouer avec le « temps de la parole et des promesses », reléguant, du
coup au second plan, les « souffrances »,
« angoisses » et les « espoirs »
des populations qui lui avaient pourtant donné « les instruments démocratiques, légaux et réglementaires ainsi
que les outils nécessaires au travail colossal qui l’attendait ».
Aujourd’hui,
le maire de Ziguinchor apparaît essoufflé dans sa course à la construction de
la capitale méridionale du pays.
Un
travail qu’il a pourtant démarré en trombe avec le démarrage de la construction
de plus de 20 kilomètres de voirie. Un projet dont Robert Sagna et ses partisans ont d’ailleurs toujours réclamé la paternité. L’objectif était de
créer « à moyen terme un boulevard
périphérique permettant le désenclavement des quartiers de Colobane,
Soukoupapaye, Lindiane, Djibock, Kandé…. ». Cet objectif risque, au
rythme où vont les choses, de ne pas être atteint avant la fin de son
quinquennat.
Autant
de préoccupations qui risquent aussi de prendre le dessus sur l’« ambitieux » programme
d’assainissement qu’il devait lancer « sur
toute l’étendue de la commune de Ziguinchor » avec un « accent particulier au niveau des
quartiers de Boudody, Kadior et Santhiaba qui souffrent le plus des inondations
et le canal de Lindiane » dont il avait fait « une de (ses) priorités».
Défis économiques, sociaux et
culturels loin d’être relevés…
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Jeunes étudiantes de Ziguinchor
Photo Zig Presse / Natalie Forite - février 2011 |
Outre
la mise en place d’équipements collectifs (centres sociaux, culturels, arène
municipal, plateaux multifonctionnels incluant des terrains de basket, de
handball et de tennis, une maison de l’outil, espaces publics équipés de
lampadaires solaires avec ampoules photovoltaïque, éclairage de la commune….), le Maire de Ziguinchor avait inscrit à son
programme la création de la Balade (Promenade) des Ziguinchorois, un des
projets phares de son quinquennat, ainsi que la mise en place d’un système de
transport scolaire pour permettre « à
des milliers d’élèves, d’étudiants et d’enseignants de se rendre à l’école
facilement ».
L’emploi
des jeunes et des femmes constituait, par ailleurs, une « de ses priorités majeures » avec comme objectif « une famille, un emploi » ;
de même que création d’une « nouvelle
zone économique à traitement spécial ».
A
ce qui vient d’être énuméré s’ajoutait la mise en place « d’un guichet unique pour faciliter les procédures d’installation
d’investisseurs », la finalisation du « concept paper (ou investir à Ziguinchor) » qui devait réunir tous les deux ans
des acteurs du monde de l’entreprise…
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Circulation à Ziguinchor
Photo Zig Presse / Natalie Forite - janvier 2011
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Toujours
à propos des défis économiques, sociaux et culturels, le Maire de Ziguinchor
avait déclaré, lors de la cérémonie de son installation en avril 2009 : « nous recevons demain Monsieur Sérigne
Mboup du C.C.B.M. (….) Il vient nous proposer un prototype de taxis neufs qu’il
mettra à la disposition des transporteurs dans des conditions avantageuses. Il
vient nous proposer aussi 36 boutiques de référence avec près de 150 emplois à
la disposition des jeunes ».
Que
s’est-il produit pour que des projets tels que celui de la mise en place
d’une structure de Micro crédit et de crédit municipal n’aient pas encore vu le
jour à deux ans de la fin de son mandat ? Qu’adviendra-t-il de son
« combat » pour faire de Ziguinchor « une
plate-forme sous-régionale » ?
Si
Abdoulaye Baldé renoue, comme cela semble être le cas, avec « le temps des paroles et des promesses », tous ces
beaux projets risquent bel et bien d’être relégués au second plan… au plus grand
dam des populations.