jeudi 26 avril 2012

Modernisation de Ziguinchor : Baldé s’essouffle ou abandonne ?


Sagna passe la main à Baldé
Photo Casamance Passion - avril 2009
Le maire de Ziguinchor avait pourtant démarré en trombe l’exécution de son programme de construction et de modernisation de la ville. Alors que de nombreux défis l’attendent encore s’il veut concrétiser ses promesses avant la fin de son quinquennat en 2014, Abdoulaye Baldé semble avoir mis un pied sur le frein.

Hubert Sagna
Correspondant, Ziguinchor

« Le temps de la parole et des promesses est terminé (….) Le temps de l’action est venu. Notre temps est celui des constructeurs, notre saison celle des réalisations. Enfin, Ziguinchor va connaître le temps des réalisations ». Ces mots prononcés en avril 2009, Place de Gao, par Abdoulaye Baldé au soir de sa passation de service avec Robert Sagna, paraissent désormais appartenir au passé.

Tout comme, au demeurant, le « défi de l’engagement et de la mobilisation de toutes les forces vives de la Casamance pour l’œuvre commune de reconstruction » sur lequel il comptait s’appuyer pour « faire de Ziguinchor une ville phare dont le rayonnement devait aller au-delà des frontières communales ».

Depuis quelques mois, Abdoulaye Baldé semble renouer avec le « temps de la parole et des promesses », reléguant, du coup au second plan, les « souffrances », « angoisses » et les « espoirs » des populations qui lui avaient pourtant donné « les instruments démocratiques, légaux et réglementaires ainsi que les outils nécessaires au travail colossal qui l’attendait ».

Grande rue de Ziguinchor
Photo seckasysteme2 - Octobre 2011
Aujourd’hui, le maire de Ziguinchor apparaît essoufflé dans sa course à la construction de la capitale méridionale du pays.

Un travail qu’il a pourtant démarré en trombe avec le démarrage de la construction de plus de 20 kilomètres de voirie. Un projet dont Robert Sagna et ses partisans ont d’ailleurs toujours réclamé la paternité. L’objectif était de créer « à moyen terme un boulevard périphérique permettant le désenclavement des quartiers de Colobane, Soukoupapaye, Lindiane, Djibock, Kandé…. ». Cet objectif risque, au rythme où vont les choses, de ne pas être atteint avant la fin de son quinquennat.

Un mandat municipal d’ailleurs mis à rude épreuve depuis la défaite des libéraux à la présidentielle et affaiblit  par  son « exclusion » du PDS, par les démarches qu’il a entamées dans la recherche d’alliances en vues des Législatives ainsi que par la création puis la massification de son parti politique.

Autant de préoccupations qui risquent aussi de prendre le dessus sur l’« ambitieux » programme d’assainissement qu’il devait lancer « sur toute l’étendue de la commune de Ziguinchor » avec un « accent particulier au niveau des quartiers de Boudody, Kadior et Santhiaba qui souffrent le plus des inondations et le canal de Lindiane » dont il avait fait « une de (ses) priorités».
  
Défis économiques, sociaux et culturels loin d’être relevés…
   
Jeunes étudiantes de Ziguinchor
Photo Zig Presse / Natalie Forite - février 2011
Outre la mise en place d’équipements collectifs (centres sociaux, culturels, arène municipal, plateaux multifonctionnels incluant des terrains de basket, de handball et de tennis, une maison de l’outil, espaces publics équipés de lampadaires solaires avec ampoules photovoltaïque, éclairage de la commune….),  le Maire de Ziguinchor avait inscrit à son programme la création de la Balade (Promenade) des Ziguinchorois, un des projets phares de son quinquennat, ainsi que la mise en place d’un système de transport scolaire pour permettre « à des milliers d’élèves, d’étudiants et d’enseignants de se rendre à l’école facilement ».

Abdoulaye Baldé devait aussi s’atteler « dans les meilleurs délais à la création d’un SAMU municipal doté d’une unité médicale légère ».

L’emploi des jeunes et des femmes constituait, par ailleurs, une « de ses priorités majeures » avec comme objectif « une famille, un emploi » ; de même que création d’une « nouvelle zone économique à traitement spécial ».

A ce qui vient d’être énuméré s’ajoutait la mise en place « d’un guichet unique pour faciliter les procédures d’installation d’investisseurs », la finalisation du « concept paper  (ou investir à Ziguinchor) » qui devait réunir tous les deux ans des acteurs du monde de l’entreprise…  

Circulation à Ziguinchor
Photo Zig Presse / Natalie Forite - janvier 2011
Toujours à propos des défis économiques, sociaux et culturels, le Maire de Ziguinchor avait déclaré, lors de la cérémonie de son installation en avril 2009 : « nous recevons demain Monsieur Sérigne Mboup du C.C.B.M. (….) Il vient nous proposer un prototype de taxis neufs qu’il mettra à la disposition des transporteurs dans des conditions avantageuses. Il vient nous proposer aussi 36 boutiques de référence avec près de 150 emplois à la disposition des jeunes ».

Que s’est-il produit pour que des projets tels que celui de la mise en place d’une structure de Micro crédit et de crédit municipal n’aient pas encore vu le jour à deux ans de la fin de son mandat ? Qu’adviendra-t-il de son « combat » pour faire de Ziguinchor « une plate-forme sous-régionale » ?

Si Abdoulaye Baldé renoue, comme cela semble être le cas, avec « le temps des paroles et des promesses », tous ces beaux projets risquent bel et bien d’être relégués au second plan… au plus grand dam des populations.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire